Une page se tourne à La Tricherie

« Cette assemblée générale est un peu différente des nombreuses précédentes, c’est la 35^e et la dernière que j’anime en tant que président ». C’est par ces mots qu’Alain Bergeon a ouvert l’assemblée générale de La Tricherie, jeudi 14 décembre à Bonneil-Matours (Vienne). La présidence, qu'il occupe depuis 1988, aura été pour lui « une vraie partie de plaisir » pendant laquelle il a pu voir évoluer la coopérative avec un leitmotiv : « ramener un maximum de valeur aux producteurs ».

Alain Bergeon accompagnera le changement de gouvernance en tant qu'administrateur et passe le flambeau à Thibaud Deschamps, 36 ans, céréalier dans la Vienne sur 360 ha depuis 2016 et jusque-là secrétaire du bureau de la coopérative. Encore récemment ingénieur chez Arvalis, il s’est définitivement installé cet été.

Un bon résultat malgré une faible collecte

Cet exercice 2022-2023 a encore été positif pour La Tricherie, avec un chiffre d’affaire de 61,1 M€, soit + 4,3 M€ par rapport à 2021-2022, pour un résultat de 416 000 €. La redistribution grâce aux filières a atteint un record historique de 115 €/ha.

En revanche, seules 93 000 t de céréales ont été collectées en 2022, soit une baisse de 25 % par rapport à 2023 (120 000 t). Ce constat s’explique par de mauvais rendements (en moyenne 53 q/ha en blé et 50 q/ha en orge) liés à de forts aléas météorologiques : gel printanier, grêle, sécheresse et chaleurs estivales.

85 à 90 % des semis réalisés

Pourtant, la vente de céréales atteint les 45 M€ (+ 2,8 % par rapport à l’an dernier) et occupe 74 % du CA. « Ce paradoxe s’explique à la fois par des volumes vendus supérieurs à la collecte, grâce à des confrères qui sont venus nous prêter main forte pour alimenter nos filières, ainsi qu’à des prix en forte hausse, + 21 % sur l’année », explique Benjamin Bichon, codirecteur de La Tricherie. En 2023, la quantité de céréales collectées est repartie à la hausse, avoisinant 121 600 t.

Avec les conditions météo de l’automne, la coopérative n’a pas pu semer autant qu’à l’accoutumée ses céréales d’hiver : seulement 85 à 90 % de ses surfaces, avec une baisse estimée à 10 % pour le blé (10 000 ha) et 15 % pour l’orge (1 500 ha). Des reports sur le maïs et les tournesols sont attendus pour le printemps 2024.

Des appros toujours en hausse

Côté approvisionnement, le CA atteint un record pour la troisième année consécutive avec 15,8 M€ (26 % du CA), dépassant l’année précédente de 3 M€. « Cette hausse traduit encore une fois une forte inflation des engrais, avec 12 000 t vendues », précise Baptiste Breton, codirecteur. Pour l’exercice en cours, ce chiffre d'affaires devrait revenir à la normale et avoisinner 12 M€. La part des biosolutions a été multipliée par trois en 5 ans et atteint 729 000 € au printemps 2023.

Des filiales en bonne santé

Enfin, côté filiales, FuturaMat poursuit le développement de son offre de solutions globales et spécialisées pour l’écoconception de produits et l’aide à la certification. Elle a annoncé la mise en service pour début 2024 d'un film plastique biosourcé entièrement biodégradable pour emballer les ballots de paille.

Quant à Brin d’Or, filiale créée en 2021, elle a acheté cette année 5 130 t de paille auprès de 37 adhérents sur 1 100 ha pour la fabrication d'isolants à destination des professionnels du bâtiment. Fin 2023, une centaine de tonnes sera vendue. Enfin, la Scic Iélo, unique client de Brin d'Or et fort de 102 associés, entre dans une nouvelle ère avec un apport financier en 2023 de 900 000 € par le Crédit Agricole et la Caisse de Dépôts, pour promouvoir la paille hachée en tant que matériau biosourcé.